Savez-vous ce qu’est un fisheye ?

Publié le : 17 janvier 202215 mins de lecture

De nombreux photographes s’attachent à capturer le monde qu’ils voient de la manière la plus parfaite possible. Chaque ligne doit être droite jusqu’au coin le plus éloigné, la netteté doit être précise et chaque aberration optique, aussi petite soit-elle, doit être éliminée. Tu peux le faire, mais tu n’es pas obligé.

Dans des articles précédents, nous vous avons déjà présenté quelques objectifs (1,2) qui répondent à ces critères. Cependant, nous vous avons également présenté d’autres objectifs qui présentent des flous et des erreurs d’image délibérés et que vous utilisez spécifiquement pour la composition créative d’images. Dans cet article, nous voulons jeter un coup d’œil à l’extrémité inférieure des longueurs focales possibles et quitter le niveau de l’image parfaite de la nature. Mais nous voulons vous montrer que ces objectifs – certes spécialisés – offrent des possibilités de création totalement nouvelles. Nous parlons de ce que l’on appelle les fisheyes.

Est-ce que ça a un sens ? Vous devez vous donner cette réponse. Nous aimons beaucoup nos fisheyes et nous les utilisons souvent. Ils dépeignent notre environnement d’une manière complètement différente, ne sont pas faciles à utiliser, mais offrent des approches créatives totalement nouvelles. Et à la fin, nous vous montrerons également que vous pouvez toujours prendre des photos « normales » avec eux si vous le souhaitez.

Alors, qu’est-ce qu’un fisheye ?

Le nom dit tout. Le nom « fish eye » ou « fisheye » fait en fait référence au fait que les yeux des poissons sont généralement situés sur le côté de la tête et ont donc un angle de vue de presque 180 degrés sur le côté respectif. Bien qu’ils ne puissent pas voir dans l’espace, ou seulement de manière très limitée, ils ont une vue d’ensemble presque complète avec leurs deux yeux. Cela signifie qu’ils peuvent également voir le prédateur lorsqu’il s’approche par derrière.

L’objectif fisheye fait à peu près la même chose. Il a un angle de vue d’environ 180 degrés dans toutes les directions. Dans toutes les directions signifie que cet angle de vue est également imagé vers le haut et vers le bas.

Comment cela fonctionne-t-il avec un capteur rectangulaire qui est plus large que haut ?

La réponse est simple : en n’utilisant pas la totalité du capteur, mais seulement une partie. Parce qu’un fisheye (circulaire) produit une image circulaire. L’objectif n’expose donc pas l’ensemble du capteur. La partie non utilisée reste noire et forme ainsi un cadre circulaire autour de la photo réelle.

Le fait de voir le cercle complet de l’image sur la photo dépend en grande partie de la taille du capteur et du fait que l’objectif soit conçu pour le format 35 mm (FX) ou le format APS-C (DX). Vous pouvez également utiliser un fisheye pour le format 35 mm sur APS-C, mais des parties du cercle d’image sont alors coupées en haut et en bas et vous perdez l’angle d’image de 180 degrés dans cette direction.

À l’inverse (si cela convenait), cela n’aurait aucun sens : un fisheye calculé pour APS-C ne produirait qu’un cercle d’image très petit sur un capteur 35 mm et réduirait donc inutilement la résolution possible – liée au nombre de pixels.

Regardons les photos de plus près.

Pour mieux comprendre le fonctionnement d’un objectif fisheye, regardez de plus près la photo suivante :

Comme vous pouvez vous y attendre, vous obtenez une photo circulaire avec un angle de vue énorme (nous vous montrerons à quel point cet angle est grand en le comparant directement à un grand angle « normal »). On a choisi une photographie d’architecture comme exemple car les lignes les plus droites possibles sont nécessaires pour les considérations suivantes. Tout simplement parce qu’ils représentent de manière plausible la fonction de l’objectif.

Regardez d’abord les lignes verticales et horizontales du centre de l’image vers les bords. Ils restent presque droits et non déformés. Plus les lignes s’approchent du bord, plus elles sont « pliées » pour devenir presque circulaires vers le bord de l’image.

Les motifs sont donc toujours reproduits proportionnellement et à peu près correctement lorsqu’ils sont photographiés au centre (centrés). Avec les résolutions des capteurs d’aujourd’hui, il est facilement possible de faire simplement une section de l’image en cercle et de l’utiliser comme une photo normale.

La netteté

Avez-vous remarqué que les photos ont une netteté presque continue ? Les photos ont presque toutes été prises avec l’ouverture ouverte, qui est de f/3,5 pour cet objectif. Nous arrivons ici à une caractéristique particulière d’un fisheye. En raison de la courte distance focale, tout est en fait toujours net. Sur un capteur 35 mm, la plage d’environ 30 cm à l’infini est nette à f/3,5, à f/8 même à partir d’environ 19 cm.

Si le sujet lui-même ne bouge pas, vous pouvez prendre des photos à main levée à 1/10 sec. sans problème, et vous ne remarquerez aucun bougé de l’appareil. Comme vous pouvez le constater, avec un fisheye, il est presque impossible d’obtenir des photos floues.

Le fait de toujours tourner en rond est épuisant. Une comparaison

Avant de vous montrer à quel point un fisheye peut être utilisé avec différents motifs, on aimerait vous montrer une petite comparaison. Elle a pour but de montrer ce que l’on peut faire avec l’image initialement ronde du fisheye.

On prend l’exemple suivant :

On est fermement convaincu que cette photo serait très belle sur le mur à un endroit approprié – imprimée sur un beau papier, dans une taille appropriée et dans un cadre adéquat. Maintenant, tout le monde n’aime pas les ronds ou tout le monde n’aime pas toujours les ronds, mais peut-être seulement parfois. Et qu’est-ce qu’on peut dire ? Avec les ordinateurs modernes et le logiciel adéquat, il n’est pas difficile de transformer un motif rond en une photo rectangulaire tout à fait « normale ». Adobe Photoshop et Lightroom (plus précisément : l’ACR – Adobe Camera RAW – inclus dans les deux programmes) ont intégré des profils prêts à l’emploi avec lesquels la conversion est un jeu d’enfant.

Cette photo a été prise dans Adobe Photoshop en utilisant le filtre –

Un autre moyen est de passer par Lightroom (ACR), qui contient également une option de correction.

Les photos ont été prises à des jours différents, mais à peu près à la même heure, comme vous pouvez le voir d’après les ombres. Bien sûr, la comparaison est un peu injuste, car la photo de gauche n’a pas été post-traitée (elle est tirée de l’article sur le super grand-angle). Mais c’est suffisant pour la comparaison. Vous pouvez voir que beaucoup plus est visible sur la photo de droite. On s’est tenu au même endroit pour les prises de vue. La photo de droite montre beaucoup plus de profondeur et donne l’impression qu’on se tenait beaucoup plus loin.

On va vous montrer un autre exemple qui pourrait rendre les choses plus claires :

Pour la photo de gauche, on se tenait dos au bâtiment derrière nous, pour la photo de droite, on pouvait facilement se rapprocher de 5 mètres. On aurait pu s’approcher encore plus près, mais les distorsions auraient alors été trop importantes.

On a ensuite passé rapidement la photo dans Photoshop (cela a pris environ 30 secondes) :

Si vous comparez la photo de droite avec celle d’en haut à gauche (qu’on a prise avec le SIGMA 12-24mm F4 DG HSM | Art), vous trouverez peu de différences. Les différences de couleur ne sont pas dues aux objectifs, mais aux différents jours où les photos ont été prises et aux différences de temps (les deux jours étaient ensoleillés, mais un jour le temps était clair, l’autre jour assez brumeux). Honnêtement, voyez-vous de grandes différences ?

Maintenant, vous pourriez (à juste titre) vous demander pourquoi vous devriez passer par tout ce traitement et ce recadrage alors que vous pouvez simplement prendre un objectif grand angle qui fournit le recadrage correct et souhaité dès le départ, puis encore plus de pixels. Vous avez certainement raison avec cette affirmation, et toujours lorsque vous avez suffisamment d’espace pour vous éloigner du sujet afin de pouvoir l’avoir complètement sur la photo.

Si l’espace est trop petit (ce qui n’est pas du tout rare), alors seul un fisheye vous sera utile. Et vous ne pouvez créer ces plans spéciaux et ronds qu’avec un fisheye.

Le fisheye en pratique

Où peut-on mettre un fisheye ? L’effet ne devient-il pas ennuyeux à un moment donné ? Non. On ne pense pas que l’effet devienne ennuyeux. Parce qu’alors nous trouverions aussi les photos rectangulaires ennuyeuses à un moment donné. Par ailleurs, on a montré qu’il n’est pas difficile de transformer une photo prise avec un fisheye en une photo rectangulaire « normale ».

Afin de vous montrer qu’un fisheye peut aussi être utilisé de nombreuses façons différentes, on est sorti spontanément après avoir pris les photos du château et on a essayé un peu. On voudrait vous montrer ici les meilleurs résultats et vous donner quelques explications. Il n’y a qu’un seul sujet passionnant qu’on ne pourra pas vous proposer aujourd’hui : Photographie de paysage. On est fermement convaincu (et on continuera à essayer au cours de l’année) qu’un fisheye peut également être utilisé pour prendre des photos très intéressantes de paysages et de forêts. Cependant, février n’est pas le mois le plus approprié pour cela.

Architektur

On vous a déjà montré l’extérieur (à savoir le château). Il y a une église à proximité. Elle est entourée de maisons et il n’y a guère d’endroit d’où l’on puisse capturer complètement l’église sur une photo. On est donc entré dans l’église et on a pris des photos de l’intérieur :

Les EXIFs des photos : SIGMA 8mm | f/3.5 | 1/30 sec | ISO automatique (varie entre ISO 200 – 1,600 dans les prises de vue). À gauche, vous voyez toujours la photo originale sans traitement. A droite, l’image corrigée (Lightroom : correction de l’objectif via les données de correction existantes du programme).

C’est surtout dans la deuxième et la troisième rangée de la galerie que l’on peut voir les problèmes de la correction à droite : les chaises semblent clairement déformées, dans la troisième rangée encore plus comme des bancs. Pour les perfectionnistes, la distorsion sur les bords est certainement trop importante. Cependant, il n’est pas du tout perceptible si vous vous concentrez sur le centre de l’image. Car même l’œil humain ne produit pas d’images non déformées aux limites du champ de vision.

Ce qu’on aime beaucoup, c’est que les images ont une grande profondeur grâce à la courte distance focale. Pour notre part, on est arrivé à la conclusion qu’un fisheye est très bien adapté pour prendre des photos d’architecture intérieure. Surtout quand les choses sont serrées ou qu’il n’y a pas le temps de prendre plusieurs photos pour un panorama.

Nature et paysage

Les arbres dénudés et le manque de neige n’invitent pas vraiment à prendre des photos impressionnantes ou magnifiques. Néanmoins, on a essayé ce qui est possible au lac et on aimerait vous montrer les résultats. Ils ne gagneront certainement pas de prix, mais ils suffisent à vous donner une idée des possibilités. Avec un peu d’imagination, vous pourrez imaginer si vous pouvez utiliser une telle longueur focale dans votre environnement photographique.

Cet exemple vous montre les limites de l’énorme angle de vue. Les magnifiques formations de glace ne sont pas du tout mises en valeur en raison de la perspective inhabituelle. Surtout pas dans la version corrigée. Ici, la fin du printemps, avec des couleurs chaudes, beaucoup de vert frais et un ciel bleu profond, serait certainement plus propice à l’effet.

On a choisi cette photo principalement à cause du côté gauche. En raison du grand angle de vue, un fisheye n’a pas de pare-soleil pour des raisons compréhensibles. Dans la zone noire, vous pouvez voir comment, dans cette prise de vue (presque) rétroéclairée, les reflets sur les bords et les coins de l’objectif se dispersent profondément dans l’objectif. Cela se produirait également avec d’autres longueurs focales sans pare-soleil si vous les utilisiez dans une situation similaire. La lumière parasite n’est pas aussi perceptible, car les autres distances focales ne produisent pas ce cadre noir.

La version corrigée montre un format portrait. Remarquez-vous également que les distorsions et aberrations massives sont nettement moins importantes que dans l’exemple précédent ?

Maintenant qu’on s’est rendu compte que les paysages ne fonctionnent pas, on a essayé de travailler en me concentrant sur un objet et en s’en approchant. Cet arbre tombé s’y prêtait. On pense que cet exemple montre clairement que se rapprocher n’est souvent pas une mauvaise idée avec les fisheyes.

Animaux

Au début, le sujet des portraits d’animaux et le fisheye peuvent sembler ne pas aller ensemble, car on soupçonne de mauvaises distorsions avec le fisheye. Mais on ne serait pas nous si on n’avait pas essayé ça. Nos voisins ont un chiot. Les chiots étant curieux par nature, le petit chien n’a pas rechigné à la proximité dont on avait besoin. Parfois, on devait s’approcher à quelques centimètres de l’animal.

On n’a délibérément pas fait de correction d’objectif sur ces photos car on trouvait que le cercle faisait un joli cadre et se concentrait sur le chiot. Les distorsions se situaient également dans des limites très acceptables.

Un fisheye est-il bon pour la photographie animalière ? Faites-vous votre propre opinion.

Motifs abstraits

Au cours de nos expériences, on a recherché des motifs dans lesquels la distorsion optique, utilisée délibérément, rend un motif ennuyeux plus intéressant. On a trouvé des structures géométriques qui, lorsqu’elles sont soigneusement alignées, produisent des effets optiques d’une beauté étonnante. Pouvez-vous trouver ce qu’on photographié là-bas ?

En fait, on aime beaucoup cet effet et on aime personnellement beaucoup ces deux photos. Vraisemblablement, ces photos peuvent fonctionner encore mieux si vous trouvez d’autres motifs, peut-être même très colorés. Mais maintenant, la résolution : Sur la photo du haut, on a photographié un banc en béton sur la promenade et sur la photo du bas, un radiateur dans une cage d’escalier d’immeuble. L’auriez-vous reconnu ?

Panorama et HDR

Enfin, quelques impressions sans grande explication. On a pris la vue depuis notre bureau, pour ainsi dire, et on a utilisé la fonction HDR interne de l’appareil photo. En raison du grand angle de vue, la caméra doit souvent faire face à des contrastes importants.

À gauche, vous voyez la prise de vue originale comme d’habitude, à droite la version après correction de l’objectif. Comme il n’y a pas de détails dans les coins, aucune distorsion ou aberration n’est perceptible. Les EXIFs de ces images sont : 3 photos par HDR | SIGMA 8mm | 1/1,600 sec | f/3.5 | ISO 100 | /- 2 EV.

Conclusion

On a essayé de vous montrer la portée de ce type d’objectif très spécial. On s’est heurtée à des limites, mais on a aussi trouvé des moyens très intéressants et passionnants et découvert de nouveaux motifs. En raison de l’image particulière qu’il donne de la nature, un fisheye ne serait pas notre première priorité lorsqu’on cherche un nouvel objectif.

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